Histoires gay originales

Gabriel s'assit à la terrasse du café. Cette journée de printemps était belle et une brise légère et parfumée venait tempérer le soleil de mai, le rendant parfaitement supportable. Le serveur arriva et lui demanda avec l'amabilité coutumière des garçons de café parisien :

- Qu'est-ce que je vous sers ?

Gabriel fut tenté de répondre : "les testicules mais pas trop fort" mais la mine peu avenante du bonhomme l'en dissuada. Il commanda une eau minérale gazeuse et profita du départ du garçon pour admirer son cul parfaitement moulé dans le pantalon noir, un vrai plaisir pour les yeux. C'était vraiment dommage de faire une gueule pareille avec un cul aussi beau. Son attention se reporta sur la rue et les badauds. Devant lui défilaient des gens pressés qui avaient, tous, les meilleures raisons du monde. Gabriel s'amusait souvent à imaginer la vie des passants, imaginer leurs rêves, leurs espoirs et leurs doutes.

Ce jour là, c'est une femme grande, mince, blonde, au look sophistiqué qui attira son attention. Habillée d'un tailleur de marque, vraisemblablement hors de prix, elle sortait manifestement de chez son coiffeur. Son maquillage était superbe et très bien réalisé sans être ostentatoire. De hauts talons de neuf à dix centimètres contribuaient à allonger encore des jambes qui semblaient interminables. Gabriel imaginait comment elle avait choisi sa tenue, quels impératifs avaient présidés à la sélection des accessoires pour l'accompagner : chaussures, sac, broche. Dans une telle tenue, elle se rendait à un rendez-vous professionnel. Un rapide coup d'œil aux mains soigneusement manucurée lui appris qu'elle n'était pas mariée, en revanche elle portait une bague de fiançailles, il situait donc l'âge entre 25 et 30 ans.

Entièrement pris dans sa rêverie, Gabriel ne prêta pas attention à l'homme qui s'assit à la table juste à coté de la sienne. Il ne le remarqua que quand ce dernier posa sa main sur son bras. Gabriel se tourna brusquement vers lui et croisa le regard doux et rieur de l'étranger. Tout en continuant à tenir son bras, l'homme murmura doucement :

- C'est toi qu'il a choisi, je le comprends, d'ailleurs il  ne se trompe jamais.

De quoi parlait cet homme ? Au moment, où le contact de la main s'affermit sur son bras, Gabriel ressentit une décharge électrique. Il voulut, par réflexe, dégager son bras mais la poigne d'acier du vieillard ne lui en laissa pas le loisir.

- Je pense que vous allez bien vous entendre.

Sur ces paroles, le vieil homme se leva et s'éloigna. Gabriel ne le quittait pas des yeux. Il le vit s'éloigner de quelques mètres et soudain s'effondrer sur le trottoir. Gabriel se précipita en criant au garçon qui s'approchait, d'appeler des secours. Mais le vieil homme était déjà sans connaissance. Son visage semblait apaisé. Les secours arrivèrent très vite mais ils furent de peu d'utilité, le vieil homme s'éteignit en douceur.

Gabriel entendit alors dans sa tête une voix cristalline lui dire : "C'est bien ainsi. Il est parti doucement vers le grand Tout. J'ai senti ta peine et j'ai senti sa sincérité. Nous allons bien nous entendre." Gabriel s'écria alors : "qui êtes-vous ?". Toutes les personnes alentour se tournèrent vers lui étonnées de voir cet homme parler seul. La voix répondit : "Calme-toi. Tu te fais remarquer. Allons dans un endroit tranquille, je vais t'expliquer tout ça."

Gabriel paya sa consommation, ramassa ses affaires et s'éloigna en direction des jardins du Luxembourg tous proches. Chemin faisant, il s'interrogea sur sa santé mentale, il entendait des voix. On en avait brulé pour moins que ça.

- Tu penses à Jeanne là ? Elle était douce et gentille et ses émotions étaient fortes et pures. Comment lui expliquer qui j'étais sans lui parler de son Dieu ? Je ne pensais pas qu'elle irait le crier sur les toits. J'en étais au commencement de ma vie, j'étais encore très inexpérimenté. Je ne commettrai plus ce genre d'erreur.

Chemin faisant, Gabriel avait rejoint un coin tranquille du parc. Il avisa un banc et s'y assit.

- Mais qui êtes-vous ?

- Je m'appelle Phénix.

- L'oiseau fabuleux qui renait de ses cendres ?

- C'est ainsi que vous les humains me voyez. En réalité, je suis une entité psychique, je n'ai pas d'existence physique et pour exister, j'ai besoin de coloniser un corps physique.

- Comme un parasite ?

- Je parlerai plutôt de symbiose, puisque, comme tu pourras t'en rendre compte notre association sera mutuellement avantageuse.

- De quoi vivez-vous ?

- De tes émotions, elles constituent ma nourriture. Plus elles sont vives, plus je les apprécie. J'ai essayé de coloniser de multiples espèces mais, à ce jour, seuls les humains ressentent des émotions sophistiquées et maintenant revenir à des émotions brutes ce serait pour vous passer de la cuisine aux aliments crus.

- Donc vous profitez de mes émotions et moi quel est mon gain dans ce partage ?

- Tu as à ta disposition toutes mes capacités, toute ma mémoire et mon expérience.

- Expliquez-moi ça.

- Je lis dans ton esprit que tu es un obsédé sexuel.

- Mais ...

- Je ne te juge pas. Je n'ai pas de morale du moins pas au sens humain du terme. Le bien et le mal sont des concepts qui me sont étrangers. Je sais par expérience que les obsédés sexuels sont sujets à des émotions vives : le désir et le plaisir par exemple. Tu sembles apprécier les hommes. Je peux t'offrir tous les hommes que tu désires.

- Comment ça ?

Au moment où il prononçait ces paroles, un jeune homme passa devant le banc en courant. Gabriel sentit une pression mentale partir en direction du jogger. Ce dernier s'arrêta et se tourna vers Gabriel. Son regard semblait vide.

- Demande lui ce que tu veux, il t'obéira.

- Comment est-ce possible ?

- Il est entièrement sous mon contrôle, je t'apprendrai à te servir de ces capacités.

- Jusqu'à quel point puis-je l'influencer ?

- Il t'obéira en tout, excepté si tu lui demandes d'attenter à sa vie.

- C'est mon esclave donc ?

- Oui, en quelque sorte.

- Cet état est temporaire ?

- Il peut être temporaire ou permanent. Je te montrerai comment faire. Tu peux décider de faire en sorte qu'il ne se souvienne de rien ou au contraire qu'il n'oublie jamais.

- Libère le !

- A ta guise.

Le jeune homme sembla recouvrer ses esprits et reprit sa course comme si rien ne s'était passé, il y aurait à jamais un trou de quelques minutes dans sa vie.

Jeu 1 aoû 2013 2 commentaires
J adore le début de cet histoire ! Je vais immédiatement lire la suite, je sens que je vais adorer le Phénix !
Q.
Q. - le 20/08/2013 à 15h32

Le phénix risque de te surprendre voire de te choquer

Pascal
J ai hâte d y être alors. J ai l air un peu naïf là... mais bon ! Seule la suite me le dira !
Q.
Q. - le 20/08/2013 à 23h37

effectivement 

Pascal