Mercredi 4 septembre 3 04 /09 /Sep 19:12
Norbert était assis à son bureau quand son directeur des ventes entra. Il l'invita à s'assoir :
- Prends un siège, Alain. Je voulais te voir au sujet de Mme Pozzi.
- Qu'y a-t-il avec Maria ?
- Tu l'appelles Maria ? Tu ne m'avais pas habitué à autant de familiarité avec le petit personnel. Je me demande quelle conduite le magasin doit tenir dans cette affaire. Ca commence à faire du bruit et je ne voudrais pas que ce soit mauvais pour les affaires. Quel est ton avis ?
- Je pense que ça va se tasser. Je l'ai croisée ce matin et elle m'a dit que son fils ne porterait pas plainte.
- Ah bon ? Qu'est-ce qui a bien pu le pousser à prendre une telle décision ?
- Elle a du se rendre compte que c'était perdu d'avance et qua ça lui attirerait plus de problème qu'autre chose. S'attaquer à la famille du maire n'est pas chose aisée. Ca fait plusieurs générations qu'ils font la pluie te le beau temps dans la région. Je respecte sa décision. Il faut savoir rester à sa place.
- Et je ne doute pas que tu as su lui rappeler où était la sienne ?
- Comment ça ?
- Entrez Maria ! Pouvez-vous répéter ce que vous venez de me raconter ?
- Oui, monsieur, le directeur des ventes m'a demandé de faire pression sur mon fils pour qu'il retire sa plainte sinon je perdrai mon poste.
- Qu'as-tu à répondre à ça ?
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu vas croire cette caissière et remettre ma parole en doute ?
- Sans la moindre hésitation. Et de ce fait, je te mets à pied pour une semaine. Je vais transmettre le dossier à la direction régionale en recommandant au moins une mutation disciplinaire avec réduction de salaire et au plus ton renvoi pour harcèlement.
-Toi aussi tu es un de ces foutus PD. Vous vous croyez forts mais on finira par vous avoir.
- Cela suffit, tu n'as plus rien à faire ici.
L'homme quitta le bureau en claquant la porte. Maria s'effondra en larmes sur un fauteuil.
- Calmez-vous Maria. Je viens de réduire sa capacité de nuisance à néant du moins en ce qui concerne ce magasin. Je comprendrai si vous aviez besoin de rentrer chez vous.
- Non, merci Monsieur. Je dois retourner travailler, ça va me changer les idées.
- Comme vous voulez, quoiqu'il arrive, ma porte est ouverte. N'hésitez pas à me solliciter.
--o-0-o--
Comme chaque matin, une grande effervescence régnait dans le bureau du juge Mandivain. Son greffier, Alex, rangeait les dossiers du jour et vérifiait avec sa patronne le planning de la journée. La majeure partie de la matinée serait occupée par l'affaire Pozzi. Après avoir fait le point sur les derniers éléments arrivés, la juge demanda au greffier de faire entrer Olivier Dubois et son avocat. Dès leur arrivée, le magistrat constata un changement.
Ce fut l'avocat qui prit la parole :
- Madame le juge, mon client souhaite revenir sur sa déposition.
- Comment ça Maitre ?
- Il va vous l'expliquer lui-même.
- Je vous écoute monsieur Dubois.
- Voilà, j'ai menti. C'est moi qui ai entrainé Renald dans cette affaire. J'ai pris toutes les décisions.
- Allons bon, qu'est-ce qui motive cette soudaine franchise ?
- Hier matin, sans Renald, je me serais fait violer par tous les prisonniers. Il a pris un risque fou pour me protéger alors que moi je l'accablais.
- Vous avez rencontré les fantômes des Noel passé présent et à venir ?
- C'est un peu ça madame et comme au vieux Ebenezer Scrooge, ils m'ont enseigné la voie de la raison.
- Je vois que tu as quelques références, ton cas n'est pas désespéré. Tu comprends bien que tu as commis une faute grave ?
- Oui, madame et j'accepte d'en assumer les conséquences.
- Intéressant développement de cette affaire, n'est-ce pas maitre ?
- Effectivement madame.
- Je vais convoquer de suite, Monsieur Lechat et nous allons confronter vos versions. Greffier, faites entrer Monsieur Lechat.
Le greffier fit entrer Renald et son avocat. Ils vinrent s'assoir sur des chaises à côté d'Olivier et Gérard. La juge résuma la situation : Olivier prenait à sa charge la responsabilité de l'agression, ne laissant à Renald qu'une simple complicité. Renald s'insurgea, il était aussi responsable qu'Olivier et souhaitait partager le sort de son ami. Son avocat et beau essayer de la raisonner, rien n'y fit. La juge ramena le calme dans son bureau en disant :
- Cette affaire n'est décidément pas commune : c'est bien la première fois que j'ai trop d'aveux. Je vais vous donner, à chacun, la parole une dernière fois. Je prendrai ensuite ma décision. Monsieur Dubois, c'est à vous.
- Madame le juge je voudrais m'adresser à Renald.
- Faites.
- Renald, écoute-moi. J'ai besoin de toi pour veiller sur moi, mais je dois assumer mes erreurs. Je ne pourrai jamais assez te remercier pour ce que tu as fait pour moi en prison. Tu m'as toujours écouté et obéi quand je t'entrainais dans des plans foireux, alors cette fois encore, mais pour ton bien, écoutes moi et obéis, d'accord ?
- Monsieur Lechat, votre réponse ? demanda le magistrat.
- Est-ce qu'Olivier va retourner en prison ?
- Je ne peux pas vous répondre pour l'instant. Il est possible qu'avec le procureur et les parties civiles nous trouvions un accord évitant cette peine. Toutefois, je ne peux rien vous promettre.
- Olivier a raison, je n'ai fait que lui obéir, mais j'aurais dû l'empêcher de faire ça. Ne soyez pas trop dure avec lui, c'est vraiment un gentil garçon qui méritait mieux que son père.
- Merci, Monsieur Lechat. Bien, nous allons maintenant vous confronter aux parties civiles. Greffier, faites entrer les parties civiles.
Tony, Paul et Jacques entrèrent dans le bureau. La pièce commençait à être étroite pour autant de monde. La juge prit la parole, résuma la situation pour les nouveaux arrivants et demanda à Paul son avis.
Paul était furieux, il voulait qu'Olivier soit puni pour ce qu'il avait fait subir à Tony, il ne lui trouvait aucune excuse. Olivier aurait voulu répondre mais après un regard à son avocat s'abstint. Il se contenta de baisser la tête en signe de culpabilité, il n'avait pas avoué pour se défausser ensuite, il allait assumer.
La juge donna ensuite la parole à Tony.
Tony regarda Renald et Olivier. Renald pleurait doucement en silence, il voyait son meilleur et unique ami emporté dans une affaire qui lui semblait inextricable. Il était persuadé que Tony allait les accabler et il aurait raison. Il avait été battu et séquestré. Olivier, lui, regarda Tony dans les yeux, non par défiance mais pour lui montrer qu'il comprenait à quel point il avait merdé. Tony demanda :
- Olivier, tu le penses vraiment ?
- Quoi ?
- Que tu as mal agi ?
- Oui Tony, je vois à quel point j'ai été nul. J'ai surement des circonstances atténuantes mais si elles expliquent, elles n'excusent pas. J'ai été tellement con que j'ai failli abandonner mon seul ami, heureusement lui ne m'a pas abandonné.
- Je te crois. Madame le juge, pouvez-vous faire en sorte qu'il soit puni mais évite la prison ?
- Si c'est toi qui le demande, je pense que le procureur ne s'y opposera pas.
- Tu es fou Tony, reprit Paul, il a failli te tuer, c'est un malade. Il ne peut pas s'en sortir comme ça.
- Ecoute Paul, je ne pense pas qu'il s'en sorte "comme ça" comme tu dis. Et si je ne t'avais pas rencontré, je pourrais être à sa place. Il a droit à une dernière chance et je crois qu'il ne la gâchera pas.
En prononçant les derniers mots, Tony regardait Olivier dans les yeux. Ce dernier ne contint pas ses larmes et secoua négativement la tête, signifiant ainsi que la leçon était enfin comprise.
- Bien, reprit le magistrat, vous devez conserver toutes ces informations confidentielles, jusqu'à mon entretien avec le procureur, nous déterminerons alors la conduite à tenir. Toute entrave à cette confidentialité rendrait ces discussions nulles. Je vous remercie de votre collaboration à la manifestation de la vérité
Par Pascal - Publié dans : La spirale - Communauté : Histoire, video, photo
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