Mardi 6 août 2 06 /08 /Août 17:46

Préambule

 Il pleut sur Paris. Sébastien regarde sa montre. Il sera bientôt 23 heures, dans 12 minutes exactement. Il sait que si rien ne s'est passé à 23 heures, il pourra rentrer chez lui. Sébastien ne veut pas rentrer, c'est le quatrième soir qu'il revient à l'angle de la rue d'Alésia et de l'avenue du Maine, devant le restaurant Zeyer. Son correspondant lui a dit que ça arriverait un soir de la semaine entre 22 heures et 23 heures. Alors imperturbablement, Sébastien revient chaque soir.

Il regarde les véhicules défiler devant lui sur le pavé brillant. Les gens passent, pressés de rejoindre un endroit au sec. Lui reste là planté, sa petite serviette sous le bras, juste protégé par la capuche de son sweat-shirt. Un jeune homme descend l'avenue du Maine, les mains enfoncées dans les poches. Il porte un blouson sans capuche et ses cheveux mouillés collent à son front. Arrivé à la hauteur de Sébastien, il se tourne brusquement vers lui, extrait une de ses mains des poches et lui dit :

- Vous n'auriez pas du feu ?

- Si, bien sur, répond Sébastien en fouillant dans son sweat-shirt. Le ton de sa voix reflète une certaine déception, il pensait que cette fois c'était la bonne. Il sort le briquet qu'il bat et dirige la flamme vers la cigarette de l'inconnu. Ce dernier aspire une bouffée ample et remercie Sébastien.

- Merci mec, au fait tu en veux une ?

- Avec plaisir.

L'inconnu lui tend une clope. Sébastien la porte à sa bouche et l'allume. Il aspire la fumée. L'homme le regarde et soudain le visage de l'homme commence à danser devant ses yeux. Sa tête est lourde et ses jambes se dérobent. Occupé à conserver son équilibre, il ne remarque pas la camionnette blanche qui se gare le long du trottoir. Des mains le saisissent, le guident vers le véhicule et soudain c'est le noir.

1. Le Choc.

Il fait noir. Sébastien n'entend rien. Il ne saurait dire si ses yeux son ouverts ou fermés. Il n'a aucune sensation de son corps. Est-ce cela la mort ? Il voudrait parler pour entendre au moins le son de sa voix mais il ne peut pas. L'angoisse l'étreint. Des questions se bousculent dans son esprit. Où est-il ? Depuis combien de temps est-il là ? Que lui a-t-on fait ? Dans le noir et en l'absence de perception extérieure, le temps se compresse et alors qu'une heure à peine s'est écoulée on à l'impression d'en avoir vécu deux. Le temps passe inexorablement et l'angoisse s'amplifie, la panique commence à le gagner puis la terreur. Isolé, seul prisonnier, il va disparaitre ici comme un animal, oublié de tous.

La lumière vient de s'allumer, une lumière blanche, violente qui lui fait mal aux yeux. Il sait maintenant qu'il peut ouvrir et fermer ses paupières. Mais même fermées la puissance de la lumière traverse la mince épaisseur de chair des paupières. Sébastien tente de tourner la tête pour protéger ses yeux meurtris mais ses muscles ne lui obéissent pas et sa tête reste désespérément immobile. Et aussi soudainement qu'elle s'est allumée, la lumière s'éteint. Tout s'est passé dans le plus grand silence. C'est à nouveau le noir et la terreur reprend le dessus : pas de repère et toujours les mêmes questions où, quand, combien de temps, quoi, qui …

Sébastien vient à nouveau de s'éveiller dans le noir et le couperet tombe, non, ce n'est pas un cauchemar. C'est la réalité, une réalité auquel rien ne l'a préparé. L'esprit humain fonctionne en répondant à des stimuli, seulement ici il n'y en a aucun. Combien de temps, où, quand, quoi, qui ? Cette envie de hurler sa terreur et aucun moyen de le faire.

A nouveau la lumière éclaire la pièce. Sébastien sait qu'il pleure. Il pleure de terreur, de frustration et de rage. Tous ces sentiments se mêlent, s'enchevêtrent. Et soudain, il y a la voix, une voix grave, masculine qu'il ne connait pas.

- Sébastien, c'est bien ton nom n'est-ce pas ?

Il voudrait répondre mais il ne peut pas. Son corps ne lui obéit plus. Cette impuissance décuple sa rage.

- Je sais que tu m'entends et que tu ne peux pas répondre. Ton esprit, seul, fonctionne pour l'instant. Nous avons conversé il y a quelques temps. Te souviens-tu de ton annonce ? Je sais que tu t'en souviens. Tu as bien suivi mes directives tu étais au bon endroit au bon moment. J'ai récupéré les documents dans ta sacoche et j'ai commencé à effacer ton existence. D'ailleurs à partir de maintenant tu t'appelleras S. Pas S comme Sébastien, non, S comme Slave ou Sous-merde. Tu vas te rendormir, quand tu te réveilleras tu seras dans une cellule. Tu obéis sans poser de questions, d'ailleurs il t'est interdit de parler à qui que ce soit à moins que l'on ne t'interroge. Toute infraction à cette règle sera sévèrement sanctionnée. Ta vie d'homme telle que tu la connaissais a pris fin comme tu l'as demandé.

La lumière s'éteignit. S était pétrifié. Il sentit une torpeur l'envahir et doucement il sombra dans un sommeil sans rêve.

S se réveille dans le noir encore, la terreur revient. Pourtant ce réveil est différent, il est couché, il sent le sol  sous son dos. Ses mains sont libres. Il tourne la tête et constate qu'il n'est pas dans le noir absolu, une faible clarté tombe du plafond. S se relève, mais le mouvement trop brusque lui donne la nausée et le vertige. Il retombe. Il décide d'y aller doucement, méthodiquement.

Où a-t-il mal ? Nulle part. Il a faim, ça oui. Il commence à explorer son corps avec ses mains. Il est nu mais entier. Il amène ses mains devant ses yeux. Tous se doigts sont présents. En prenant son temps, cette fois, S s'assied et constate en regardant autour de lui qu'il est dans une cellule rectangulaire de deux mètres sur un mètre et demi. Les murs et le sol sont nus et lisses. Il prête l'oreille à l'affut du moindre bruit mais aucun son, rien de perceptible. Il se risque à dire "Ah" juste pour entendre le son de sa voix. Ce simple bruit le rassure, il est vivant, mais pour combien de temps. Oui, il a demandé cela mais il n'est plus aussi sur maintenant : le fantasmer et le vivre sont deux choses totalement différentes. Maintenant, il a peur et il se souvient d'une remarque d'un de ses amants : "méfies-toi de ce que tu demandes, parfois tu l'obtiens". Comme il en comprend le sens aujourd'hui. Allons, soyons raisonnables, ils ne vont quand même l'assassiner, c'est hors la loi, ils lui font juste peur, ils lui donnent une bonne leçon c'est tout. En tout juste pour une leçon, les moyens sont importants, la pièce où il était, cette cellule, l'équipe qui l'a embarqué. Rien n'est laissé au hasard. Rien ne vient le rassurer. Pas la moindre faille.

La porte vient de s'ouvrir, dans l'embrasure un homme cagoulé, torse nu, juste vêtu d'un pantalon de cuir et de bottes. Son torse très musclé est glabre mais ses bras ont très poilus et ses mains larges comme des battoirs. Autour de ses poignets deux bracelets de cuirs sertis de clous complètent un uniforme peu rassurant. Il a tout à fait l'allure d'un bourreau, dans d'autres circonstances S aurait trouvé ça excitant.

"Debout" lance-t-il. Difficilement mais avec bonne volonté, S se lève. Il fait face au sinistre individu et dès qu'il croise son regard, il comprend qu'il doit baisser les yeux. L'homme s'écarte de la porte et lui fait signe de sortir. S s'exécute rapidement. "Tu obéis sans poser de question" résonne dans sa tête.

L'homme le guide vers une pièce où se trouve une chiotte en métal. "Vide toi, et dépêche-toi, on n'a pas que ça à faire". S s'assied sur la lunette glaciale. Faire ses besoins devant un inconnu n'a rien de commode mais il s'y astreint et curieusement y arrive assez facilement. Dès que c'est fini, son gardien lui désigne un seau. S comprend qu'il doit nettoyer ses déjections. Il s'exécute. Il se dirige ensuite vers le coin qui lui est indiqué. Son gardien appuie sur un bouton dissimulé dans le mur et aussitôt une douche glacée s'abat sur les épaules de S. Le froid lui coupe le souffle. L'eau continue à couler et pour se réchauffer, il se frictionne. L'homme lui lance un grossier pain de savon brun. S se lave entièrement toujours sous la surveillance de l'encagoulé. Ce dernier lui désigne ensuite le flexible de douche munie d'un embout à lavement. S se sent totalement humilié de devoir faire cette toilette devant un inconnu. La douche terminée, bizarrement il se sent mieux, propre surtout. Le gardien lui lance une vieille serviette et S s'en frictionne tout le corps. Ils se dirigent ensuite dans la pièce adjacente.

Au milieu de la pièce trône un fauteuil de coiffeur, tout autour sur diverses tables et dessertes se trouve tout un attirail de tondeuse, rasoir et ciseau. Ironiquement, le gardien invite S à s'assoir sur le fauteuil et lui sangle ensuite les jambes et les poignets. L'homme s'empare d'une tondeuse et commence à lui tondre le crane. Le geste est sûr, précis et rapide. S n'est pas son premier client. Une fois la tondeuse devenue inutile, Il se saisit d'un blaireau et de mousse à raser. Une fois le crane et le visage totalement enduits, il les lui rase avec application. Il bascule ensuite le fauteuil en arrière et avec une douchette, il termine avec un rinçage, toujours à l'eau glacée. Une fois dessanglé, S est conduit vers un agrès où ses jambes et ses bras sont attachés : il est debout, il repose sur ses deux pieds et ses deux bras sont attachés par les poignets de manière à rendre toutes les parties de son corps accessibles. Le gardien s'éloigne vers les dessertes, enfile de gants et revient avec un grand pot de crème. Il en prend une bonne poignée qu'il applique grassement sur tout le corps de S depuis les chevilles jusqu'au cou. Une qu'il est bien recouvert, l'homme la laisse et retourne à la desserte. Il enlève les gants et règle un minuteur. Il commence ensuite à nettoyer et ranger les différents ustensiles qu'il a utilisés. S commence à ressentir des démangeaisons surement dues à la crème. Attaché, il est dans l'impossibilité de se gratter, il commence à se dandiner et gémir. Il n'ose pas parler. Son gardien se retourne et lui lance : "Ne bouge pas et tais toi". Le ton est sans réplique. S endure, tant bien que mal, la gêne qui se transforme bientôt en brûlure par endroit. Stoïquement, il serre les dents attendant la fin de son calvaire. Des larmes finissent par couler le long de ses joues quand enfin le minuteur sonne. L'homme vient vers lui, attrape la douchette et à nouveau muni de ses gants, entreprend de le débarrasser de la crème. Le contact de l'eau glacée sur la peau est un vrai soulagement pour S, sans l'interdiction de parler, il remercierait son bourreau. Une fois la crème totalement retirée, S se retrouve aussi glabre que le jour de sa naissance. La sensation est curieuse.

L'homme ne le détache pas. Il retourne vers une des dessertes et revient en tenant dans la main un objet que S reconnait au premier cou d'œil : une cage de chasteté. Expert, l'homme lui emprisonne la verge, mais au lieu de la fermer avec un cadenas comme c'est l'usage, il la verrouille avec un rivet rendant ainsi le retrait sinon impossible du moins extrêmement problématique.

Cette opération terminée, vient ensuite la pose des entraves permanentes. A chaque poignet et à chaque cheville, le bourreau pose un bracelet. Ces bracelets munis d'un anneau en acier sont réalisés dans de la toile de sangle, une solidité permettant de résister à des tensions de plusieurs centaines de kilogrammes, bien au-delà de la puissance humaine, ils ne sont pas attachés par un fermoir mais les deux bouts sont rivetés ensembles rendant ainsi la découpe de la sangle obligatoire pour le retrait.

La pose du collier vient parachever le travail. Il s'agit d'un collier muni de plusieurs anneaux en acier équipés de mousquetons. Ils y a aussi deux renflements situés à l'opposé l'un de l'autre. A l'instar des bracelets, la pose revêt aussi un caractère définitif par le système de rivetage.

Le bourreau recule de deux pas et contemple son œuvre, il semble satisfait. Il revient ensuite vers S. détache un bras après l'autre et le rattache immédiatement au collier. Il passe ensuite derrière sa victime et d'un coup sec porté dans le creux poplité l'oblige à tomber à genou. Il repasse devant et ouvrant son pantalon en sort un sexe à demi bandé de taille respectable qu'il force dans la bouche de S. S est habitué à sucer des bites, c'était même un de ses passe-temps favoris, mais là, il ne s'agit pas d'une pipe. Il s'agit d'un viol buccal en règle. La bite de l'homme est très dure et longue et oblige S à adapter sa respiration aux assauts subis. Fort heureusement pour S, l'homme pousse un râle et libère sa jouissance au fond de sa gorge, l'obligeant ainsi à tout avaler.

L'homme s'adresse à S et lui demande :

- Quel est ton nom ?

- Sébast…

S n'a pas le temps de finir que l'homme a appuyé sur le bouton de la télécommande que S voit à présent dans sa main et une violente décharge électrique le cloue sur place et le tétanise. S tente de reprendre son souffle quand il entend son tortionnaire crier :

- Mauvaise réponse. Relève-toi ! Quel est ton nom ?

- S, monsieur, parvient difficilement à articuler celui qui fut connu sous le prénom de Sébastien.

- Bien.

Le bourreau aide S à se relever et l'emmène vers un pilori où il l'oblige à se pencher lui emprisonnant la tête et les poignets. Puis il se dirige vers un bouton qu'il presse et demande :

- Votre choix, Monsieur ?

- Numéro 3.

- Bien monsieur.

L'homme repasse derrière S. Ce dernier l'entend ouvrir des serrures et des portes. Il entend le bruit d'un sifflement puis le silence. Une grande chaleur s'approche de sa fesse droite et soudain cette terrible douleur qui explose dans tout son corps, le hurlement et  la bienheureuse perte de connaissance.

Par Pascal - Publié dans : L'annonce - Communauté : Histoire, video, photo
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