Dimanche 2 juin 7 02 /06 /Juin 13:10

Cela fait maintenant une demi-heure que le camion roule. Franck m'a envoyé me reposer dans la couchette pour me remettre de mes émotions. Donc je suis allongé, à poil évidemment, et le ronronnement du moteur me berce. J'entends la radio distiller sa musique. Je me demande ce que je fais là. Entendons-nous bien, Franck est un mec super et un super baiseur. Il m'a promis qu'il ne m'arriverait rien et manifestement il tient sa parole. Mais je doute d'être à la hauteur de ses attentes car il a l'air d'avoir de gros besoins sexuels. Toutes ses pensées tournent dans ma tête et m'entrainent dans une douce torpeur.

Le camion est arrêté, je n'entends plus le moteur. Je risque un œil à travers le rideau de la couchette. Je suis seul à bord. Dehors le soleil brille, il ne doit pas être loin de midi. La portière s'ouvre et Franck monte à bord.

- Tu es réveillé gamin ?

- Oui Chef.

- Tu veux prendre une douche ?

- Oui ce serait bien.

- Habille-toi et viens avec moi.

- J'enfile un short et un tee-shirt, ma paire de sandales, je n'oublie pas le gel et je suis Franck qui tient une trousse de toilette à la main, vers la station service qui se trouve derrière le camion.

- Tu vas prendre ta douche et on va manger un morceau.

- Ok, Chef.

- Appelle-moi Franck gamin. Chef, c'est avec les lopes, toi, tu es MA lope.

- Merci Franck.

- Non merci à toi.

Nous arrivons dans la station. Franck demande la clé des douches au caissier, un bel homme dans la quarantaine. Ce dernier regarde Franck et me regarde. Il me fait un clin d'œil qui n'échappe pas à Franck et dit à voix basse :

- Frotte-lui bien le dos.

- J'y compte bien, réponds Franck avec son sourire ravageur.

Moi, je me contente de rougir. J'emboite le pas à Franck qui manifestement connait bien les lieux. Et nous nous engouffrons dans une pièce équipée de toilettes, d'un lavabo et d'une douche. Une fois la porte fermée, Franck se dessape. C'est dingue dès que je le vois nu, superbe et mâle, je n'ai plus aucun doute sur les raisons de ma présence. J'ai toujours rêvé d'un mec comme lui. Il rit en me voyant le regarder la bouche légèrement entrouverte :

- Tu comptes prendre ta douche habillé ?

- Désolé, t'es trop top.

- Merci. Allez viens que je te frotte le dos.

Il m'enlève le plug qu'il jette dans le lavabo, me prends dans ses bras et m'embrasse goulument. J'ai juste à me laisser faire. Bon Dieu, que c'est bon. Il m'attire vers la douche et nous recommençons le rituel de cette nuit chez moi. Il va encore me laver comme un enfant. Ses mains sont douces et ses caresses m'enivrent. Je ne veux pas lutter contre la vague de plaisir qui monte en moi. Soudain Franck abandonne mon corps, le temps de se laver et subitement, je me sens frustré et orphelin. Cette sensation est terrible. En moins de 24 heures, je suis devenu accroc à cet homme.

- Tu veux terminer ta toilette ?

- Oui Franck.

- Bien je te laisse ton intimité pour ça.

Il est prévenant en plus. N'en jetez plus, je le veux ! Je me dépêche de faire une toilette approfondie, pour le rejoindre. Il est déjà rasé et rhabillé. Il me regarde me raser et me sécher. Le plug est propre et prêt à retrouver sa place. Franck me dit que je ne suis pas obligé de le remettre mais je ne tiens pas compte de sa remarque qui me fait très plaisir. Dès que j'ai fini, il me reprend dans ses bras pour m'embrasser à nouveau. C'est fou comme je suis bien, j'ai envie que ça ne s'arrête jamais.

Nous quittons la douche. Franck rend la clé et nous nous dirigeons vers le bar pour manger un morceau. Nous y retrouvons le caissier. Nous passons commande de deux sandwichs avec des boissons et nous nous installons dans un coin du bar de manière à avoir une vue sur le camion. Pendant que nous déjeunons, Franck recommence à me poser des questions :

- Explique-moi, c'est quoi ton job ?

- Ca dépend, je fais un peu tout, aussi bien des extras dans des restos que des petits boulots dans la manutention.

- Tu n'as pas de diplôme ?

- Non, tu sais, passer une partie de sa jeunesse les pattes en l'air à se faire tirer comme une salope ça n'aide pas pour les études. Mes notes ont toujours été plutôt catastrophiques.

- Tu te faisais tirer si souvent que ça ?

- Par mon beau-père dès qu'il pouvait, ensuite à partir de 15 ans par tous les mâles qui voulaient de moi.

- T'es jamais tombé sur des tarés ?

- Tu veux dire comme l'autre con de ce matin ?

- Oui !

- Non pas vraiment, j'ai plutôt eu du bol.

- Notre conversation est interrompue par l'arrivée du caissier qui nous apporte deux cafés. Il les dépose sur la table, nous regarde et dit :

- Vous faites un joli couple !

- Nous ne sommes pas un couple lui répond Franck, du moins pas encore…

En disant cela, il me regarde. Je crois que mon cœur vient de louper un battement. Je reste comme un con muet. Franck et l'autre homme me regardent. Je ne sais pas quoi dire, j'ai les yeux qui se remplissent de larmes. C'est le caissier qui rompt le silence en déclarant :

- Je m'appelle Hervé et je termine mon service à 18:00. Si vous voulez, on peut passer un bon moment.

- Je dois livrer à 16:00, ensuite on s'arrêtera pour le dimanche. Laisse-moi ton téléphone. Je te recontacte pour te dire où nous sommes.

- Pas de problème.

Hervé sort une carte de sa poche et la laisse sur la table, puis s'éloigne.

I- l est beau mec tu ne trouves pas ? me demande Franck.

- Oui, c'est vrai. Tu le penses vraiment ?

- Que c'est un beau mec ? oui !

- Non, que nous pourrions être un couple ?

- Oui. Enfin pas un couple papa-maman style hétéro fidélité mariage et tout, ça non ! Mais, je te trouve craquant et j'ai envie de m'occuper de toi et de te voir heureux.

- Personne ne m'a jamais dit ça.

- Tu as rencontré beaucoup de mecs ?

- Tu veux dire pour baiser ?

- Non avec qui tu as discuté ou partagé un pot ou un repas ?

- Non aucun !

- Ceci explique cela. Je ne veux te forcer à rien. Tu restes tant que tu veux, j'ai l'intention de passer un super moment avec toi et te faire plein de souvenirs.

Une nouvelle fois, je suis abasourdi. Personne ne s'est jamais occupé de ce que je ressentais. Je m'en rends compte juste maintenant. Jusqu'à ce jour, je n'ai été qu'un trou pour des mecs qui voulaient se vider.

- Mais si tu veux qu'on soit un couple, tu vas inviter Hervé ?

- Evidemment, il a l'air sympa, il me plait et il te plait alors où est le problème ?

- Ben, il n'y en a pas !

- Exactement. Allez gamin ramasse tes affaires, on y retourne, on a un horaire à respecter.

Nous prenons nos affaires et nous dirigeons vers la sortie. Franck fait un signe à Hervé au passage. Et nous nous dirigeons vers le camion. Une fois à bord, Franck me prend dans ses  bras et me roule une nouvelle pelle. Je ne suis plus seulement passif et moi aussi je le serre dans mes bras. Je fouille sa bouche et suce sa langue avec la mienne. Je ne veux pas que ça s'arrête. C'est Franck qui est raisonnable et c'est lui qui rompt notre baiser.

- On termine la journée gamin, ensuite on aura tout dimanche pour s'occuper de nous.

- Oui, tu as raison.

Le camion démarre et nous repartons vers notre destination. Franck m'explique que nous devons vider chez un client à quelques kilomètres et recharger au même endroit avant de filer vers Lyon. Mais comme nous sommes samedi soir, nous devrons nous arrêter puisque rouler dimanche n'est pas autorisé. Il connait un endroit correct pour passer le dimanche. Je me permets à mon tour de la questionner :

- Tu es marié ?

- Non, je crois que je n'ai jamais eu le mode d'emploi d'une femme.

- Et ce n'est pas trop dur dans ton boulot d'être homo ?

- Pourquoi ce serait dur ?

- C'est plutôt macho comme milieu, non ?

- Ca oui mais crois moi, j'ai vu un paquet de machos baver devant ma bite et en prendre un bon coup avant d'aller retrouver bobonne.  D'ailleurs, je baise un max de mecs soi-disant hétéros et mariés.

Tout en discutant, nous empruntons une sortie qui nous amène vers une zone industrielle. Franck semble connaitre le secteur car il se dirige directement vers l'entrée d'un entrepôt.  Arrivés à la barrière, le vigile regarde les papiers que lui tend Franck et déclare :

- Toujours ponctuel Franck, comme d'habitude !

- Comme ça, si on me fait attendre, j'ai le droit de râler …

- Exact, mais ça ne sera pas pour aujourd'hui. Je vois que tu es accompagné.

- Oui, mon neveu, il est en vacances alors je lui fais voir du pays.

- Bien sur Franck, bien sur. Eh bien bonnes vacances, jeune homme.

- Merci, monsieur.

- Nous nous éloignons. Je regarde Franck, en disant :

- Il ne t'a pas cru.

- Non, pas un mot, mais bon je n'allais pas lui dire que t'es mon copain, enfin pas encore …

Et pendant que mon cœur loupe un autre battement, Franck me regarde avec un sourire narquois, un sourire qui m'agace profondément et qui me fait répliquer :

- Ben si, pourquoi pas, en tout cas, moi, j'en serais super fier …

- Ca c'est une bonne nouvelle. Allez au boulot, là, il faut que tu me laisses me concentrer, ce bahut à manœuvrer, ce n'est pas un pot de yaourt.

Je me tais et admire le chef à l'œuvre. Il gare le camion pile au bon endroit pour commencer le déchargement. Une fois le moteur coupé, Franck me tend une pochette et me demande de la porter au mec qui se trouve dans le bureau au bout du quai. Je descends du camion et m'éloigne tout en entendant Franck discuter avec les manutentionnaires.

J'arrive au bureau, la porte est ouverte. Un homme me fait face et me demande ce que je peux faire pour lui. Je lui explique que je viens de la part de Franck et je lui tends les papiers. Il les regarde rapidement puis se tourne vers moi et me demande :

- Tu as réussi à séduire ce vieil ours de Franck ?

- Franck n'est pas un ours !

- Et bien, on dirait qu'il t'a séduit aussi …

- Comment ça ?

- Parce que ce vieil Alain est jaloux de toi gamin …

L'homme se lève et se précipite vers Franck qui est dans l'embrasure de la porte. Les deux hommes se jettent dans les bras l'un de l'autre.

- Franck, Vieux renard, quoi de neuf ?

- Ben, tu le vois, que du vieux.

- Arrête ton char ! Et c'est qui ce petit mignon ?

- Je m'appelle Marc.

- Enchanté Marc, moi c'est Alain mais tu le sais déjà !

En disant ces mots, Alain m'arrache du sol et me serre dans ses bras. Franck rigole et lui demande de faire gaffe, de ne pas m'abimer, il n'a pas encore eu le temps de se lasser de moi. Alain le regarde et dit en me regardant :

- Toi, tu as un bol monstre, je n'ai jamais vu ce vieil ours être aussi gentil avec quelqu'un !

- Ah bon ?

- Ca oui, crois moi. Bon, on va régler votre paperasse que vous puissiez vous tirer avant le couvre feu.

Je laisse les deux hommes régler les formalités auxquelles je n'entends rien. Ils s'embrassent puis Alain m'embrasse à mon tour, me regarde et dit :

- Prends soin de mon petit frère, gamin, je veux dire, Marc.

Je reste sur le cul, ces deux là sont frangins ! Franck rigole et nous repartons vers le camion. Le chargement est terminé et les portes du camion sont fermées. Celui qui semble être le chef d'équipe arrive vers nous et déclare :

- Le chargement est fini, Patron !

Ok, Robert.  Merci à tous et à la semaine prochaine.

Pourquoi ce type l'a-t-il appelé patron ? Plus ça va et moins je comprends ! Je vais en avoir des questions à poser et des explications à demander.

Par Pascal - Publié dans : Une semaine en camion
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