Lundi 3 juin 1 03 /06 /Juin 19:53

Ce matin, le réveil a sonné tôt. Franck m'a envoyé chercher deux cafés à la station et nous avons pris la route rapidement. Nous devons arriver avant 9 heures pour décharger. En professionnel prévoyant, Franck a pris une marge confortable et nous arrivons bien avance devant l'entrepôt dont les portes sont encore closes.

Nous attendons donc l'ouverture et notre tour en discutant. Franck me donne des consignes à suivre pour donner au plus vite les documents de transit et les divers bordereaux à faire signer. Je l'écoute avec attention. Je n'ai pas encore bien compris l'utilité de toute cette paperasse mais Rome ne s'est pas faite en un jour.

Lorsque le camion est enfin à quai, une nuée de chariots élévateurs commence sa noria pour vider le camion pendant que je me dirige vers les bureaux.

A mon retour, Franck est en train de fermer les portes du camion. Il contrôle les documents que je lui tends et me fait signe de monter à bord. Une fois installés, il range tous les papiers et repars en direction de l'autoroute.

- Et bien, ça ne traine pas, lui dis-je.

- Non, c'est pour ça que je suis content que tu ais été là. Tu m'as fait gagner un temps précieux avec les formalités administratives.

- Bon on peut aller prendre un vrai petit-déj maintenant ?

- Oui et une bonne douche, je n'aime pas trainer dans mon odeur de la veille.

- Pourtant c'est assez excitant …

- Quand on est au lit oui, pas quand je conduis.

- Je te comprends. Tu comptes t'arrêter où ?

- Ecoutes nous retournons vers la société et il y a une aire sympa avec une cafétéria à 15 mn d'ici, ça te va ?

- C'est toi le chef et c'est toi qui conduis…

- Cool alors en route.

Notre route se poursuit de manière paisible, j'ai faim et hâte que nous arrivions. Dès que le camion est garé, je me précipite à la cafétéria avec derrière moi un Franck hilare qui me traite de doberman. C'est vrai que je me sens de taille à engouffrer un repas complet pourtant il n'est que 10 heures et demie. Nous commandons deux bonnes rations que nous dégustons tranquillement.

Une fois repus, nous nous dirigeons vers la caisse de la station pour demander la clé des douches. Le jeune homme sur place nous indique qu'une nouvelle installation à l'usage exclusif des routiers est en service sur la seconde moitié de l'aire. Donc nous nous y rendons.

A notre arrivée, Franck avise le camion d'Adrien et lui passe un appel sur la CB. Adrien répond et lui demande s'il a un moment pour discuter d'un problème avec lui. Franck répond qu'il le rejoindra à son bahut après avoir pris sa douche. Adrien me lance un "grosse bise Marc" et coupe la communication. Nous quittons la cabine et nous dirigeons vers le bloc sanitaire. La douche est libre et spacieuse. Nous y prenons place. Franck et moi partageons nos ablutions et après un baiser rapide, Franck s'éclipse pour rejoindre et voir de quoi il retourne. Je termine ma toilette et me rase correctement et après avoir rangé nos affaires de toilettes, je m'apprête à rejoindre le camion.

Je débloque le loquet et aussitôt je suis projeté en arrière. La porte s'ouvre et face à moi je vois le gros porc de samedi.

- Comme on se retrouve salope. Tu vas me payer ce que ton connard de mec m'a fait subir.

- Ca ne va pas non ? laissez-moi partir.

- Ta gueule connasse. Je vais m'amuser un peu avec toi ensuite je te pèterai ta petite gueule d'ange à tel point que ta mère ne te reconnaitra pas.

Je me mets à gueuler. Il me coince par terre et m'arrache mon short. En voyant le plug, il pousse un grognement. Il s'en saisi et me le retire sans douceur du cul. Je hurle de douleur. Je l'entends défaire sa braguette et il me pénètre avec une réelle volonté de me faire mal. Heureusement que le plug m'a bien ouvert et que mon cul est bien graissé. 

Je suis à plat ventre par terre et je subis les assauts d'un connard qui heureusement est un éjaculateur précoce. Malgré tout, le temps me semble long. Quand je sens qu'il a fini, j'essaye de me dégager mais ce salaud est bien plus fort que moi et il commence à m'envoyer des coups de poings dans les côtes  et un coup de genou dans les couilles. Je suis plié en deux par terre. Je pleure. Cet enfoiré rigole. Il me lance une torgnole qui m'éclate la lèvre et sort tranquillement de la douche.

Je suis par terre, je pleure, j'ai perdu la notion du temps. J'entends Franck qui m'appelle. J'arrive entre deux sanglots à articuler "Ici, dans la douche". La porte s'ouvre livrant le passage à Franck et Adrien.

- Bordel de merde, qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande Adrien.

- Marc, gamin qu'est-ce qui t'arrive ?

- C'est le mec de samedi ...

- Quoi l'autre gros con ?

- Oui, il m'a violé et il m'a tabassé …

- C'est qui ce mec Franck ? demande Adrien.

- Un éjaculateur précoce qui l'a déjà agressé samedi. Je pensais lui avoir passé l'envie de recommencer. Putain c'est de ma faute …

- Non, c'est moi j'aurais dû faire attention.

- Ce n'est pas bientôt fini vous deux. Il n'y a qu'un seul fautif et c'est ce mec. Qu'est ce que tu sais de lui Franck ?

- C'est un routier, un gros porc qui roule dans un Scania vert.

- Reste avec Marc. Je file sur le parking.

Franck me tient dans ses bras. Il m'aide à me relever et me rapproche du lavabo pour que je puisse me rincer la figure. La porte s'ouvre et un homme inconnu rentre et demande :

- Qu'est-ce qui se passe là-dedans ?

Ferme la porte s'il te plait !

- C'est toi Franck.

- Oui c'est moi.

- Alors lui c'est Marc. Putain c'est quoi ce bordel ?

- Un connard l'a violé.

D'un seul coup, je suis pris d'un violent haut-le-cœur et je vomis tout mon petit déjeuner dans le lavabo. Franck est affolé. Il me soutient. Ses gestes sont doux et tendres mais à sa respiration, j'entends qu'il est furieux. J'entends Adrien qui nous rejoint. Il nous explique que le Scania a quitté le parking il y a quelques minutes. L'autre homme présent s'exclame alors :

- Un scania vert ?

- Oui, dit Adrien, tu le connais ?

- Bob, un gros con prétentieux. Je le savais idiot mais pas dangereux.

- Ben, tu vois le résultat.

- On va le coincer, dit l'inconnu. Je vais lancer quelques appels à la CB, je pense qu'on va le loger rapidement.

Sur ces paroles, il s'éloigne. Franck me soutient toujours, il demande à Adrien de ramasser nos affaires et de mettre une serviette sur mes épaules. Je m'appuie sur le bras de mon homme alors que nous nous dirigeons vers le camion. A l'extérieur, un attroupement s'est formé. Je ne connais aucun de ces hommes pourtant je lis sur leur visage un mélange de compassion et de colère. L'homme qui était présent dans la douche avec nous lance à la cantonade que le scania a été repéré et que plusieurs collègues le surveillent. La colère gronde dans ce groupe, c'est palpable. Tous ces hommes ne sont pas homos mais aucun d'entre eux n'est prêt à accepter une tel geste.

Très rapidement deux groupes se forment. D'un coté ceux qui ne peuvent pas rouler, temps de repos oblige, de l'autre ceux qui peuvent d'ores et déjà repartir. Des fréquences sont échangées, de mécaniques mises en route, des équipes réunies. Globalement la chasse est lancée.

Franck vient de m'installer dans la couchette. J'ai mal aux côtes. Il prend une compresse qu'il humidifie et me la passe sur le front. Je vois à ces yeux, qu'il a pleuré. Il me fait un pauvre sourire auquel je réponds parce qui doit ressembler à une grimace. Il me propose d'aller à l'hôpital. Je refuse. Il me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement. Nous restons ainsi blottis l'un contre l'autre durant de longues minutes. Lorsque la CB nous tire de notre torpeur :

- Franck, tu me copies ?

- Oui Adrien. Je t'écoute.

- Ok Franck, on l'a arraisonné. On est sur l'aire de l'arbre penché coté poids lourds. Tu as le choix soit tu nous laisses faire et on le punit, soit vous venez avec Marc.

Franck se tourne vers moi et me demande ce que je veux faire. Je lui  réponds que je veux y aller. Il attrape le micro et dit :

- Marc veut venir, on arrive. Reste couché mon bébé. On y sera vite c'est à moins de 100 kilomètres.

- Comment tu m'as appelé ? mon bébé ?

- Chut, la douleur te fait délirer, reposes toi. Je te réveille en arrivant.

Je m'allonge en souriant. A quelque chose malheur est bon finalement. Je me laisse bercer par le ronronnement de la machine. C'est la décélération qui me tire de ma somnolence. Je demande si nous sommes arrivés ; Franck me répond par l'affirmative. Le camion va se garer et une fois le moteur coupé. Franck m'aide à me lever et à descendre. Mes côtes et mon visage me font un mal de chien. Adrien s'avance vers nous. Il me regarde et dit :

- le salaud, il t'a bien amoché quand même…

- Où est-il ? demande Franck.

Le ton de sa voix me fait peur. Je pose ma main sur son bras et lui demande de me laisser faire, après tout la victime c'est moi. Nous approchons d'un groupe d'hommes dont quelques uns tiennent des battes de baseball. Au centre, à genou et à poil, il y a le fameux Robert. Il a l'air beaucoup moins fier que quand j'étais seul face à lui. Il regarde Franck et lui crache :

- Tout ça, c'est de ta faute, enfoiré, tu m'as violé.

Avant que Franck ait pu répondre, je lui lance :

- Si c'est de sa faute, alors pourquoi est-ce moi qui me suis fait tabasser ?

(silence gêné)

- Alors expliques-moi !

- Oui expliques nous ça Bob. Marc, il t'a fait quoi ? A part te prouver que tu baises comme un lapin ? (éclats de rires)

- Regardes Bob, dis-je en baissant mon short et en lui montrant ma cage. Tu sais ce que c'est ?

- Oui ça empêche de bander.

- Effectivement, moi je la porte pour faire plaisir à Franck et parce qu'avec je prends du plaisir à me faire prendre. Toi tu as un problème : dès que tu jouis tu deviens violent. Ah c'est vrai, tu ne leur as pas dit que c'est la deuxième fois que tu m'agresses. (réactions indignées autour de nous). Et c'est pour ça que Franck t'a corrigé une première fois. (Réactions d'approbation). Alors je vais faire quelque chose pour toi, je vais te donner ma cage, comme cela tu ne pourras plus jouir et tu n'agresseras plus personne. (Rires). Mais comme je veux être sûr que tu ne la retireras pas, au lieu de sécuriser le verrou avec un cadenas, on va le souder. Franck, s'il te plait tu peux me retirer ma cage ?

- Oui, gamin, ton idée est géniale. Je te rappelle quand même que ça vaut cher une cage comme ça.

- Bob va se faire un plaisir de nous la rembourser, après tout, c'est pour son bien.

- Vous êtes cinglés bandes de pédales. Et vous les mecs, vous allez les laisser faire ?

- Ecoutes Bob, dit alors le mec que j'ai vu dans la douche, ça fait un bail que je te connais et que je sais que tu es une enclume.

- De quoi ?

- Oui, Bob, une enclume, le seul moyen de te faire raisonner c'est de te cogner dessus. Ce gamin a plus de jugeote que nous tous réunis, moi j'avais envie de t'arracher les couilles pour t'empêcher de nuire. Alors non seulement, on va te poser cette cage et la souder, mais de plus on va diffuser auprès de tous les collègues ce que tu as fait et qu'ils peuvent à n'importe quel moment vérifier que tu la portes encore. Si jamais, pour une raison X ou Y tu venais à déraper, je me ferais un plaisir d'appeler ton patron pour lui expliquer ton cas. Tu as compris ?

- Oui, j'ai compris.

- Fais gaffe Bob, personne ne plaisante. On aurait du intervenir plus tôt, ça aurait évité à Marc de souffrir à cause de tes conneries.

Franck me tends la cage en me disant : "à toi l'honneur".  Je m'approche de Bob, fermement maintenu par quatre mecs et la lui pose. Un gars arrive avec un poste à souder et rapidement fait un point au niveau de la fermeture. Il regarde son travail et dit :

- Tu as les poils roussis mais ne t'inquiète pas ça repousse. (Rires).

Un homme me tend deux billets de 50 euros prélevés dans le portefeuille de Bob et me précise que le surplus est pour le "precium doloris". Je rejoins Franck et Adrien. Ce dernier m'embrasse et me dit :

- Tu as eu une idée géniale, Marc, tu es très fort. Venez, tous les deux, je vous invite à bouffer.

Ok, dit Franck, mais après on reprend la route. Demain on doit vider. Et il faut retrouver une autre cage, le gamin est tout nu, c'est indécent.

Par Pascal - Publié dans : Une semaine en camion
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