Dimanche 21 juillet 7 21 /07 /Juil 19:22

Robert Dubois venait d'entrer dans son bureau quand le téléphone sonna :


- Allo, oui ?


- Monsieur la maire, j'ai un journaliste du "Chroniqueur" en ligne pour vous.


- Passez le moi.


Robert se demandait pourquoi un  journaliste du canard local, spécialisé surtout dans les potins, demandait à lui
parler.


- Robert Dubois à l'appareil, que puis-je pour vous ?


- Bonjour, Jean Quaitte, journaliste au "Chroniqueur". Monsieur le maire, nous venons d'apprendre que votre fils a été interpelé dans le cadre d'une affaire de
mœurs, il aurait tenté de violer un jeune homme, avez-vous un commentaire à faire ?


Robert avait le souffle coupé. Qu'est-ce que c'était que cette histoire encore. Et surtout, comment se faisait-il que la presse était au courant avant lui. Il ne
prit même pas la peine de répondre et raccrocha au nez de son interlocuteur.


Après avoir pris deux minutes pour se calmer, il reprit le combiné et appela le commissaire.


- Bonjour, c'est le maire passez moi le commissaire.


- Je vous demande de patienter, monsieur le maire.


- Oui, j'attends.


- Commissaire Chréteur, bonjour, monsieur le maire.


- C'est quoi ce bordel commissaire, vous avez appréhendé mon fils ?


- C'est exact, un quasi flagrant délit …


- Ok et qu'est-ce qu'on lui reproche ?


- Je vous la fais courte : violence en réunion, enlèvement, séquestration, chantage et tentative de viol. Les dépôts de plainte sont en cours.


- Pourquoi n'ai-je pas été averti ?


- A quel titre ? Je ne rends pas de compte au maire. Et je n'ai pas l'habitude d'avertir les parents des mis en cause. Votre fils a eu la possibilité de passer un
appel téléphonique, il l'a utilisé.


- Bien, j'appelle mon avocat.


- Je vous laisse vous occuper de ça. Bonne journée, Monsieur le maire.


Robert manqua d'exploser le téléphone en raccrochant. Ce commissaire était décidément un emmerdeur fini. Depuis sa promotion, il y a quelques années, il avait les
coudées nettement moins franches. Son prédécesseur était un ivrogne et Robert faisait la pluie et le beau temps. Enfin, il avait encore quelques fidèles au commissariat. Mais pour l'heure, il
appela son avocat et lui dit qu'il arrivait.


Le trajet jusqu'au cabinet durant à peine dix minutes durant lesquelles, Robert appela un lieutenant de police pour obtenir des informations. La discussion était
à sens unique, Robert posa les questions et exigea des réponses pour la fin de la journée. L'autre ne protesta pas. Robert saurait à l'occasion lui rappeler ce que lui devait son père.


La secrétaire de l'avocat le conduisit directement dans le bureau, grillant ainsi la priorité aux personnes dans la salle d'attente.


- Bonjour, Gérard, je suppose que tu es déjà au courant.


- Bonjour Robert. Oui, je suis au courant ton fils m'a fait appeler. Geneviève, décommandez mes rendez-vous de cet après-midi, il y a une urgence.


- Bon qu'est-ce qu'on peut faire ?


- Vu les circonstances, c'est mal engagé, à moins que tu n'ais un as dans ta manche, la police a chopé ton crétin de fils le pantalon sur les chevilles. On peut à
la rigueur essayer de faire oublier l'enlèvement si la victime ne porte pas plainte mais tu vas devoir mettre la main au portefeuille. On peut aussi charger son complice en disant qu'Olivier
s'est laissé entrainer mais l'autre va surement se défendre. On va voir aussi ce qu'on peut faire pour mouiller le jeune qui a tuyauté la police, mais là  aussi ça ne va pas être simple.


- Je te paye pour ça Gérard. Débrouilles-toi. Mon fils ne va pas rester en taule.


- Ecoutes, ton fils, je lui ai déjà sauvé son cul plusieurs fois. Il pense avec sa bite cet imbécile. Là, il est allé trop loin. Alors laisses-moi faire, je vais
essayer de sauver les meubles mais je ne pense pas que l'on puisse éviter un peu de prison préventive au moins. Il doit être présenté au juge dans deux heures, j'y serai.


- Je viens aussi.


- Surement pas. Tu retournes bosser, tu fais profil bas et si la presse t'interroge, tu fais profil bas, pas de commentaire et tu as confiance dans  la justice de ton pays ok ?


- Ok. Y a-t-il autre chose que je peux faire ?


- Oui évites tes entourloupes habituelles, je sais qu'entre toi et Chréteur, ce n'est pas le grand amour alors ne fais rien qui pourrait entraver mon boulot. Je
te laisse, on se revoit après l'entrevue avec le juge.


- Ok, préviens-moi quand tu rentres.






Robert resta assis un moment à ruminer les propos de son avocat. Ne rien faire, il en avait de bonne lui, on voyait bien que ce n'était pas son fils qui était en
prison. Il allait faire ce qu'il fallait. Il attendait déjà les informations qu'il avait demandées à ce jeune lieutenant. Ensuite, il essaierait de négocier avec les bonnes personnes pour
retourner la situation en sa faveur. Il regarda sa montre et décida de rentrer chez lui. Il avait besoin d'un bon remontant et peut-être de tirer un coup pour se détendre.
Par Pascal - Publié dans : La spirale - Communauté : Histoire, video, photo
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