Mercredi 17 juillet 3 17 /07 /Juil 17:38

Mme Pozzi, la mère de Tony était assise dans la salle d'attente. Droite comme un I, elle essayait de ne pas flancher, ne pas montrer mon anxiété. Tony était tout ce qui lui restait. Elle l'avait élevé seule depuis la mort de son mari quinze ans plus tôt. L'abus de tabac et d'alcool avaient eu raison de lui en affaiblissant au plus mauvais moment une santé déjà précaire.

Pour faire face, elle avait du accepter deux emplois, la journée elle était caissière et le soir elle était femme de ménage dans des grands ensembles de bureaux. Autant dire, qu'elle n'était pas souvent présente et Tony s'était élevé tout seul ou presque, avec la télévision comme baby-sitter.

Comme son père, il avait une bonne nature et il adorait sa mère, conscient des efforts et des sacrifices qu'elle devait consentir pour les faire vivre. Cependant les résultats scolaires n'avaient jamais été fabuleux, ils étaient en général juste passables sauf ces dernières semaines  durant lesquelles elle avait senti une réelle amélioration. De plus, ce jeune Paul ne correspondait en rien aux gamins que son fils avait l'habitude de fréquenter, il était bien élevé et semblait avoir une bonne influence sur lui. Tout s'arrangeait ou presque et maintenant ça : cet appel au magasin, le directeur qui vient la chercher pour la prévenir que son fils est aux urgences et personne pour lui expliquer ce qui s'est passé. Le sort s'amusait avec elle soufflant le chaud et le froid sur sa vie.

Elle en était là de ses réflexions quand une femme en blouse blanche traversa la double porte battante et appela :

- Mme Pozzi ?

- Oui, c'est moi, dit elle en se levant.

- J'ai de bonne nouvelle madame, votre fils va bien. Nous allons l'installer dans une chambre et vous pourrez le voir. L'examen a révélé plusieurs ecchymoses mais pas de fractures. Nous allons le garder quarante-huit heures en observation, ensuite il pourra rentrer à la maison.

- Merci, docteur, merci.

- De rien, Madame. Nous viendrons vous chercher quand il sera installé.

Le médecin quitta la salle d'attente. La femme en larmes remerciait silencieusement le ciel. Elle se tourna vers Paul et lui ouvrit les bras. Ce dernier qui avait suivi la conversation la rejoignit et l'embrassa. L'angoisse de l'attente avait cédé la place à une sorte d'euphorie, vous savez comme quand la nouvelle qu'on vous annonce est tellement moins mauvaise que celle attendue, d'un seul coup elle en devient presque bonne.

Un nouvel agent hospitalier demanda après la mère de Tony. Il la guida ensuite vers une chambre où Tony l'attendait. Il tourna la tête à son arrivée et découvrant sa mère, il sourit tristement. Elle fondit en larmes en prenant son fils dans ses bras. Tony découvrit alors Paul dans l'embrasure de la porte. Son visage s'illumina. Il embrassa sa mère et doucement la repoussa pour pouvoir respirer et faire venir à lui Paul.

La mère, incrédule, regarda les deux jeunes gens s'embrasser. Paul devait pleurer autant qu'elle. Que l'amitié fût forte entre ces deux là, elle n'en doutait pas mais il ne s'agissait plus d'amitié et la vérité lui explosa alors au visage. Les jambes lui manquèrent et elle ne dut qu'à la promptitude de la réaction de François de ne point choir brutalement au sol.

Les amoureux tout à leurs retrouvailles n'avaient rien remarqué. François décida d'attirer leur attention, après tout, ils avaient toute la vie pour se regarder dans les yeux.

- Humm, les jeunes, je crois que vous avez des explications à fournir à Mme Pozzi.

- Appelez-moi, Maria.

- Maman, dit Tony, je te présente Paul, nous nous connaissons depuis quelques mois et je l'aime.

La mère était partagée entre le bonheur de voir son fils en vie et la tristesse de cette nouvelle, un nouveau coup du sort, en vérité. Elle se demandait ce qu'elle avait fait de mal dans l'éducation de son fils pour qu'il devînt ainsi, ses absences sans doute. Et puis qu'allaient penser les voisins ? Bien sur, elle connaissait des histoires sur les homosexuels, mais c'étaient des gens riches, d'un autre monde. Toute une panoplie de "SI" se mit à virevolter dans son esprit. Si son père n'était pas mort, si elle avait été plus présente, si elle avait été plus ferme … La torture qu'elle commençait à s'infliger se lisait sur son visage. Le père de Paul y mit un terme.

- Vous n'avez rien fait de mal, Maria.

- Comment ça ?

- Vous n'avez rien fait de mal. Votre fils est un bon garçon, vous l'avez bien élevé. Il mérite d'être heureux et vous aussi. Vous avez failli le perdre à cause des actions des autres, envisagez-vous de le perdre à cause du regard des autres ?

- Non, c'est mon fils, je me moque du regard des autres.

- Bien, si vous en êtes convaincue c'est parfait.

- Maman, je sais tout ce que tu as fait pour moi et tout ce que tu as sacrifié pour notre bien-être. Je te demande juste de m'accepter tel que je suis et d'accepter Paul.

- Je ne comprends pas ce qui vous unit mais tu es mon fils et cela seul suffit à mes yeux.

- Venez Maria, allons prendre un verre et laissons les se retrouver, les explications viendront plus tard.

Par Pascal - Publié dans : La spirale
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